Parmi les nombreux trucs « spéciaux » de ce spectacle, il y en a un qui est très nouveau pour moi. J’ai déjà dit ici que j’étais, disons, sensible à ce texte. Et il m’a été confirmé que je n’étais pas seul dans ce cas. Je réalise tout soudain que ce sera la première fois.
Sous mes airs austères de tragédien Shakespearien, en effet, j’ai jusqu’ici plutôt fait rire. Parfois touché, un peu. Mais je n’ai jamais dramaté, n’en déplaise à @matoo, et humidifier les yeux des gens est un truc que je me demande quel effet ça peut faire.
Un peu inquiétant, aussi. Si personne ne verse une goutte, on saura qu’on a raté notre coup. La terra incognita de ces yeux mouillés (et que je risque fort d’apercevoir) m’inquiète un peu, je l’avoue.
Il n’y a, bien sûr, pas que ça ! Un des grands plaisirs de cette œuvre-là étant de mêler hardiment bouffonnerie, souffle épique, drame, tragédie, romance…
Jeudi, je commence à mourir
Ah et puis je ne suis jamais mort en scène, non plus… mais déjà à l’écran… mais je vous dirai pas dans quoi[1]… et ça aussi, ça devrait être intéressant.
On a programmé ce jeudi une partie de l’Acte V, du moment, je crois, de l’arrivée de Cyrano, jusqu’au retour de Ragueneau et Le Bret. Tête à tête avec Roxane. Lire cette lettre… rien qu’à saisir ces mots, un frisson me traverse. On en reparlera, je pense.
À bientôt les aminches et… VIVE LE THÉÂTRE !
(ah ! ça fait du bien de crier un coup)
Note
[1] il y aura bien un lecteur facétieux pour aller à la pêche aux casseroles
1 De mirovinben -
J’ai un handicap : mes yeux ne savent plus s’humidifier d’émoi. Alors que l’émoi est là. Je comprends ton critère mais considère qu’il n’est pas totalement fiable.
Bon, j’essaye d’aller à la pêche.
2 De mirovinben -
Fastoche si j’ai bon. Résultat de ma pêche : un film datant de 1993. Internet est fabuleux…
3 De Anne -
“Sous mes airs austères de tragédien Shakespearien”
Alors ça se confirme, je crois que je n’ai vraiment pas assez dormi cette nuit !!! Je ne dois pas être sur le bon blog ?
Comme mirovinben, je n’ai pas la larme systématique, et pour autant ça ne veut pas dire que l’émotion n’est pas là, ni forte. Disons qu’il y faut une combinaison bien particulière…
Ceci dit, j’ai pleuré en le (re)finissant !! Mais de mémoire, la dernière lecture, ils m’avaient mise surtout en pétard, la Roxane même pas foutue de reconnaître l’écriture et le style de son cousin, le Cyrano drapé dans la noblesse d’âme et la bravoure histoire de bien cacher ses failles à lui. J’étais bien plus jeune alors, sans doute, ça avait joué.
Mirovinben, vidéo ?
4 De Anne -
(Re moi)
Par une étrange collision dans la sauce blanche qui me tient de cerveau, la scène du Mask où il fait sa grande scène de la mort percé de balles par les méchants et reçoit un oscar après vient de me traverser l’esprit. Dans le genre subtil.
(Je ressors).
5 De luce -
Moi qui suis plus habituée au tragédie qu’au comédie, je dirai que l’essentiel pour l’acteur comme pour le spectateur, c’est le frisson, la chair de poule, plus que la larme. On est pas tous équipé pareil niveau lacrymale ;-) . Mais la peau ne trahit pas ;-)
J’ai fait jouer la scène de la lettre à des élèves de l’année qui vient de s’écouler et je me suis dit : “ce qu’il y a de formidable avec des textes comme celui là c’est qu’ils sont tellement beaux, que l’acteur n’a qu’à se laisser faire, le texte se charge de tout” Mais se laisser faire n’est pas si simple, bien sur ;-)
6 De Noé -
Anne et mirovinben > Entendons-nous bien, je n’ai pas prévu de transformer tout le monde en fontaine. Je sais que tout le monde ne réagit pas à l’identique. Mais si personne n’a de fuites aux yeux, ce sera suspect ;-)
mirovinben > 93, oui, pour le premier. Mais je suis mort aussi pour le même gars en 94 (une apparition où je ne fais que ça – passant victime d’une balle perdue). N’arrive pas à me rappeler si je suis défuncté en 95…
Anne > hi hi, j’avoue être assez content de mon « tragédien shakespearien »… Je ne crois pas qu’il existe de vidéo de ces trucs-là sur les internets : trop anciens, pas assez diffusés. Mais il me reste peut-être une VHS ^^
7 De Anne -
Ah, je plussoie Luce sur la chair de poule, tiens !
Une VHS ? Est-ce à dire qu’il serait utile que j’aille exhumer (c’est quasi le cas de le dire) le magnétoscope de la cave afin de pouvoir constater tout ton potentiel de tragédien shakespearien filmiquement défunté ?!! ^^
8 De Noé -
luce > Bien vu sur le frisson. Mais ça se voit moins. En comédie, on est malheureux quand on n’entend pas le public rire. Dans le drame ou la tragédie, je me demande si ce n’est pas déconcentrant de l’entendre pleurer :-D
Le texte de Rostand est redoutablement efficace, en effet, et, effectivement, il est de ces textes qui font l’essentiel du boulot et que l’on appauvrirait à trop . Il a aussi une charge particulière, qu’il faut tenir.
Et bienvenue dans mes commentaires, au fait \o/
Anne > hu hu, pour ce qui est du shakespearisme de l’œuvre en question, je pense que je ferai bien marrer l’auteur en lui en parlant ^^
9 De mirovinben -
Noé, je n’ai trouvé sur http://www.cinemotions.com que le film tourné en 93 par “RJT”. Aucune trace de film/vidéo en 94 ni en 95…
10 De Noé -
mirovinben > essaie IMDB ;-)
11 De mirovinben -
^_^
12 De luce -
Ce qu’on entend surtout c’est un silence particulier. Le silence des spectateurs qui retiennent leur souffle, pendu aux lèvres de l’acteur ;-) . J’ai jamais entendu pleuré pendant que je jouais, mais j’ai vu des yeux bien rouges après ;-)
Etpuismaisenfin, au théâtre on n’a pas besoin de voir pour y croire ! On sent ! Ce sont les ondes qui circulent qui racontent l’émotion :-p
13 De Anne -
Luce, en fait Noé joue sur les genoux de ses spectateurs, d’où ^^
14 De Noé -
Comme le dit Anne, luce, je ne peux pas ne pas les voir ! Et c’est ce qui m’inquiète ici. Et puis il vaut toujours mieux s’inquiéter sur des choses pas graves ;-)